Sujet qui a toujours su
attiser les passions chez les nationalistes identitaires,
l'immigration est un cheval de bataille très prisé, notamment par
l'extrême droite du Front National en France, le Tea Party aux
États-Unis et Aube Dorée en Grêce. Cette peur de l'étranger,
cette xénophobie est canalisée vers les immigrants qui sont
pressentis comme étant à l'assaut des «valeurs occidentales» et
contemporaines à coup «d'accommodements déraisonnables», de
propos intégristes soutenus par une minorité et d'une culture
barbare pour nous les occidentaux. Car il est bien là le problème :
l'ethnocentrisme de notre société nous pousse à tout juger par
ses impacts sur notre mode de vie. Chez les Québécois, le sujet de
l'immigration a été très favorable pour la défunte Action
Démocratique du Québec durant la «crise des accommodements
raisonnables» et l'est aujourd'hui par le Parti Québécois. Le
projet de «charte des valeurs québécoises» présenté n'est
qu'une répétition de l'épisode médiatique de la commission
Bouchard-Taylor. Et le Québécois moyen en redemande.
Le Québécois moyen, qui
est poli devant une personne mais qui «chiale durant cinq minutes
lorsque cette dernière quitte la pièce». Oui, oui vous le
reconnaissez. C'est ainsi que 93 % des Québécois se disent
tolérants envers les nouveaux arrivants mais que 63% de Québécois
disent faire de la discrimination en fonction de la couleur de la
peau, la religion, d'orientation sexuel, d'apparence ou de
limitations physiques1.
Car le Québécois moyen n'y connaît rien à l'immigration. Il est
aucunement empathique à tout le processus que l'immigrant a vécu
afin de devenir résident permanent. Le Québécois moyen, qui
discrimine aussi dans le monde de l'emploi nous rappelle « […]
qu'à Montréal, mieux vaut s'appeler Bélanger que Traoré pour
trouver un emploi. Avec un même CV, les candidats avec un nom de
famille québécois ont 60% plus de chances d'être convoqués à un
entretien d'embauche que ceux qui portent un nom à consonance
africaine, arabe ou latino-américaine»2,
mais déchire sa chemise lorsque son médecin ou l'éducatrice de
garderie porte le hidjab.
Si nous cherchons un peu
sur le sort de nos immigrants, nous apprenons que «ces 30 dernières
années, la condition des immigrants s'est détériorée. Leur
salaire moyen a baissé de 3,3% de 1980 à 2005, tandis que celui des
natifs augmentait de 7%.»3
malgré un taux de scolarisation nettement supérieur à celui des
Québécois. Nous apprenons aussi que le Québec est la province qui
reconnais le moins l'expérience de travail hors Canada de ses
immigrants.4
Avec un tableau de ce genre, quelle surprise de voir que le tiers des
immigrants se retrouvent en repli identitaire!5
En sortie de «crise des
accommodements raisonnables», le rapport de la commission
Bouchard-Taylor nous fournit les éclaircissements nécessaires afin
de s'interroger sur la base du problème : «Est-ce que nous
faisons face à un accommodement religieux?» et «Est-ce que cet
accommodement est raisonnable ou déraisonnable?» Car chaque
«accommodement» est différent et doit être jugé d'une manière
différente. Le parti québécois a épousé cette conclusion à une
virgule près. Et cette virgule à la grosseur des signes
ostentatoires qui seront bannis de l'espace civique québécois.
La société québécoise
débat présentement afin de déterminer si oui ou non, le port de
signes ostentatoires par les agents de l'état est obligatoirement un
signe de prosélytisme qui entraîne la déneutralisation de l'état
québécois, va à l'encontre de la laïcité du Québec et l'égalité
entre l'homme et la femme. Oublions le fait qu'aucunes études soient
à l'appuie de la position péquiste. Oublions le fait que la laïcité
de l'état et la laïcité des individus sont différentes au point
de vue sémantique. Est-ce que cette interdiction va vraiment empêcher
la charia d'être implanté ou d'avoir seulement que de la viande
Halal dans nos épicerie? Cette interdiction n'aura un impact que chez
certaines catégories d'immigrants tellement minuscule que le
gouvernement ne peut même pas nous en sortir le chiffre exact.
Parce que cette virgule
cache aussi un opportunisme politique très flamboyant. Les ambitions
péquistes sont d'avoir un mandat majoritaire aux prochaines
élections provinciales. Et leur meilleur ballon de plage pour
captiver l'attention des des 49% des Québécois de 16 à 65 ans qui
ont des difficultés de lecture6,
c'est cette xénophobie si présente chez les Québécois qui
constitue la stratégie de «wedge politics» la plus facile d'accès
pour un parti politique avec un bilan économique complètement
désastreux.
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