Tout peut être vendu, tout peut être acheté
Avec de l'argent tu achètes des fleurs
Pour toi, pour elle ou pour l'autre
L'important c'est que l'amour s'achète
Et se vend comme n'importe quoi,
n'importe qui
C'est depuis la «fin» de la guerre
froide que les marchés mondiaux ont été repensé en fonction de la
production et de la distribution. Cette économie «de marché»,
issue de l'ère Thatcher/Reagan, que dis-je, ce triomphalisme du
marché fi en sorte d'accorder des valeurs autant aux produits
matériels qu'à ce qui est immatériel.
Le temps c'est de l'argent
Mon temps vaut plus que le tien
Un tien vaut mieux que deux tu l'auras
L'économie de marché crée deux
énormes problèmes: tout d'abord, ce «marché» n'a pas de morale.
Peu importe les événements, l'économie de marché amène à
choisir la solution qui privilégie les intérêts purement
financiers. Le marché existe «pour faire du cash». Ainsi,
l'économie de marché nous amène au second problème qui est de
pousser une expansion des marchés vers toutes les sphères de la vie
et même là où il ne devrait pas y en avoir. Pensons notamment aux
fameux bains du docteur Barrette ou à la promotion de la location de
l'utérus d'une jeune Indienne afin de porter l'enfant d'un riche
couple d'Américains avant-gardistes et, bien entendu, richissimes.
Le temps c'est de l'argent
Est-ce qu'il y a des choses qu'on ne
peut pas acheter?
C'est sur l'espace public que nous
devons, en tant que société, définir nos valeurs et nos morales,
mais nous n'avons jamais eu de débat sur ces enjeux. Pire, lentement
mais sûrement, cette économie de marché s'est tranformée en
société de marché; une manière de vivre avec des comportements
individualistes et des relations sociales basés sur le mérite, la
célébrité, l'image et les classes sociales.
De nos jours, le débat public est
caduc car c'est un endroit où il y persiste le pouvoir et le
prestige de la société de marché. Qui plus est, le discours public
est totalement vide au sujet des solutions alternatives à la société
de marché telle que nous la connaissons; où y prime la
déréglementation et l'appât du gain. Sans compter les débats
publics qui deviennent des foires d'empoignes entre des partisans
idéologiques et/ou politiques sans jamais débattre sur les enjeux
de fonds. Des débats sur des valeurs comme la procréation, les
enfants, l'éducation, la santé, l'environnement ou l'immigration.
Certains se tournent vers le politique
pour voir l'horizon sous un angle plus optimisme, mais le politique
est représentatif de la société de marché: le politique fera des
choix exécutifs et législatifs sans morales et basés uniquement
sur les intérêts qu'il défendra. Enfin, les dégâts se font
ressentir jusque dans le discours public qui se trouve drainer de
cette moralité et de cette énergie civique qui l'habite... pour
contribuer aux politiques managériales technocratiques qui affligent
la société d'aujourd'hui: les politiques d'austérité.
Chronique d'un obscurantisme tranquille
L'austérité, puissante et prospère
Prive, discrimine, marginalise
Désenchante et sacrifie
Notre moralité, notre spiritualité
Notre pluralité
La partisanerie nous aveugle
La partisanerie triche avec nos
émotions
Elle nous obnubile, avec style
Nous amuse, nous rend cynique
Tout...
Pour éviter les débats
De parler de nos valeurs
De parler des problèmes de fond
En éducation, en santé, en
immigration
En environnement, en culture
Au lieu de parler du nombre d'élèves
par classe qui devrait diminuer pour réduire la charge de travail
des enseignants et assurer une éducation de qualité en augmentant
les budgets des écoles pour le personnel de soutien des élèves,
nous perdons une semaine à commenter au sujet de notre ministre de
l'éducation dire «personne n'en mourra» qu'une bibliothèque ne
puisse acheter de nouveaux livres à ses élèves.
Au lieu de parler du mode de
rémunération des médecins, de pharma-québec et de l'octroi des
contrats informatiques pour les hôpitaux de gré à gré par les
défuntes agences régionales sans consultation publique depuis des
années et empêcher l'implantation des logiciels libres dans la
fonction publique afin de gérer notre système de santé de manière
efficace, nous parlons des méthodes de communication du ministre de
la santé avec le conseil d'administration du CHUM pendant presque
trois semaines.
Les canadiens vont perdre ce soir
#CynicalThug
Texte écrit
suite à la lecture de What Money Can't Buy: the moral
limits of markets de Michael J. Sandel paru chez les
éditions FSG en 2012.
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